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— Il n’y a pas de danger. Les Apaches ne viennent pas ici. Ils ont leurs habitudes. Ce sont aussi des bourgeois. Et puis nous avons là un vieux voisin chiffonnier et son chien. Et puis, je n’ai pas peur. Oh ! je ne m’en vante pas ! Je n’y ai aucun mérite. Je ne suis pas courageuse. Seulement, je n’ai pas encore eu l’occasion de rencontrer la vraie peur. Le jour où je la verrai, peut-être que je serai plus poltronne qu’une autre. Sait-on jamais ce qu’on est ?

— Moi, je sais ce que vous êtes, dit Pierre.

— Ah ! c’est bien plus facile. Moi aussi, je sais… pour vous. On sait toujours mieux, pour l’autre.

L’humide gel du soir entrait par les vitres fermées. Pierre eut un petit frisson. Luce,