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La caravane en arrivant s’affale, épuisée. (Elle comprend hommes, femmes, enfants, bêtes domestiques, et quelques vieilles machines, dont la présence s’expliquera par la suite). Le nombre de fuyards n’a pas encore trop diminué depuis le départ. Mais le désordre est sans nom ; et tous sont dans un triste état. Le chapeau du Président décline. La Belle Hortense est comme une grande oie — plus très blanche — qui bat lamentablement des ailes ; elle lasse de ses jérémiades tous ceux à qui elle s’accroche, et qui ne lui témoignent plus aucun égard. Chacun pour soi. Les notabilités officielles perdent leur temps en reproches mutuels. Le civilisé commence à s’effacer, sous l’empreinte de la misère.

Cependant, sur divers points de la scène, se forment de petits groupes de gens plus résistants.

Félicité Pilon a pris maintenant une place importante. Femme de tête et qui n’a point peur, elle rallie autour d’elle une petite troupe résolue. Elle commande aux uns et aux autres, distribuant les besognes, sans souci des rangs, faisant travailler les snobs, les officiels, le Président même, et la Belle Hortense. Celle-ci,

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