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Julien ne s’est jamais reposé. Il est de ces hommes qui ne savent pas… Il ne peut vivre sans travailler. Il n’a pourtant pas besoin de travailler pour vivre. Mais il a besoin que le travail remplisse sa vie de pensée. Ce travail de pensée intensive bloque sa porte aux autres pensées. Il la bloque mal. La porte bâille ; passent des courants d’air. Julien n’a jamais chaud.

Mais il ne s’immobilise plus frileusement, au coin de son vieux âtre du quartier Saint-Sulpice, comme aux temps où Annette l’a connu. Il est sorti de la maison du passé. Et il y a laissé tous ses lourds vêtements de préjugés bourgeois, arrachés. Annette, en lisant ses livres, a bien vu.

Il n’a pas fallu peu d’héroïsme à ce petit bourgeois français, timide et timoré, dominé par une mère autoritaire, engoncé dans l’habit démodé de coutumes d’esprit et de mœurs séculaires, de famille bien pensante, conservatrice, cléricale, — pour oser, à trente-cinq ans passés, s’examiner à fond, et, au fur et à mesure, sans tricherie avec son entendement, se dépouiller de tout ce qu’il juge faux, après y avoir cru. Ensuite, on se trouvera terriblement nu ; et comment se montrer aux yeux de ceux qui vous ont connu vêtu de ces mensonges, dont ils voilent toujours