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LA FIN DU VOYAGE

dais mouvant des nuées lourdes, dont le vol silencieux semblait raser la cime des arbres. Ils pensaient à tout ce qu’ils avaient souffert, — qui sait ? peut-être aussi à ce qu’ils souffriraient plus tard. Il est des minutes où la musique fait surgir toute la mélancolie tissée autour de la destinée d’un être…

Après un moment, Jacqueline essuya ses yeux, et regarda Olivier. Et brusquement ils s’embrassèrent. Ô bonheur ineffable ! Religieux bonheur ! Si doux et si profond qu’il en est douloureux !


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es' bes'4. ces''8 bes' aes' ges' aes' bes'4 es' aes' (aes'8) ges' f'4 es'4.}

Jacqueline demanda :

— Votre sœur vous ressemblait ?

Olivier eut un saisissement. Il dit :

— Pourquoi me parlez-vous d’elle ? Vous la connaissiez donc ?

Elle dit :

— Christophe m’a raconté… Vous avez bien souffert ?

Olivier inclina la tête, trop ému pour répondre.