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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

manda le nom de quelques étoiles. M. Jeannin, assez ignorant des choses de la nature, comme presque tous les bourgeois de province, n’en connaissait aucun, à part les grandes constellations, que personne n’ignore ; mais il feignit de croire que c’était de celles-là que l’enfant s’informait ; et il les lui nomma. Olivier ne réclama point : il avait toujours plaisir à les entendre nommer, et à répéter à mi-voix leurs beaux noms mystérieux. D’ailleurs, il cherchait moins à savoir qu’à se rapprocher instinctivement de son père. Ils se turent. Olivier, la tête appuyée au dossier du banc, la bouche ouverte, regardait les étoiles ; et il s’engourdissait : la tiédeur de la main de son père le pénétrait. Brusquement, cette main se mit à trembler. Olivier trouva cela drôle, et dit, d’une voix riante et ensommeillée :

— Oh ! comme ta main tremble, papa !

M. Jeannin retira sa main.