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LA FOIRE SUR LA PLACE

même, promettait Kohn. J’en parlerai tout à l’heure. Vous pouvez être tranquille.

Christophe insistait.

— Quand saurai-je ?

— Demain… Demain… ou après-demain.

— Très bien. Je reviendrai demain.

— Non, non, se hâta de dire Kohn, Je vous le ferai savoir. Ne vous dérangez pas.

— Oh ! cela ne me dérange pas. Au contraire ! N’est-ce pas ? Je n’ai rien d’autre à faire à Paris, en attendant.

— Diable ! pensa Kohn… Non, reprit-il tout haut, j’aime mieux vous écrire. Vous ne me trouveriez pas, ces jours-ci. Donnez-moi voire adresse.

Christophe la lui dicta.

— Parfait. Je vous écrirai demain.

— Demain ?

— Demain. Vous pouvez y compter.

Il se dégagea des poignées de main de Christophe, et il se sauva.

— Ouf ! pensait-il. Voilà un raseur !

Il avertit, en rentrant, le garçon de bureau qu’il ne serait pas là, quand « l’Allemand » viendrait le voir. — Dix minutes après, il l’avait oublié.

Christophe revint à son taudis. Il était tout attendri.

— Le bon garçon ! Le bon garçon ! pensait-il. Comme j’ai été injuste envers lui. Et il ne m’en veut pas !