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À M. H. BANCAL, [À PARIS[1].]
Le 18 août 1790, — [du Clos].

J’ai reçu hier votre excellente lettre du 11. Vous en aurez eu plusieurs des miennes depuis cette date ; je veux vous faire un mot pour le courrier de demain, et je prends pour cela un instant à la volée. Nous prêtons notre cheval, je désirerais éviter à nos gens d’aller à la ville à pied, et, comme ils ne feraient le voyage que pour porter cette lettre, je vais la donner à quelqu’un qui part pour Lyon ; elle vous parviendra tout aussitôt.

Vos détails viennent à l’appui de mes craintes ; vous faites des rapprochements de circonstances qui s’étaient également présentés à mon esprit et qui me paraissent bien plus justes depuis que vous les avez envisagés sous le même jour.

Que faire ? Lutter avec courage et constance.

C’était un phénomène sans exemple que la régénération d’un empire faite paisiblement ; c’est probablement une chimère. L’adversité est l’école des nations comme celle de lghomme, et je crois bien qu’il faut être épuré par elle pour valoir quelque chose.

En nous faisant naître à l’époque de la liberté naissante, le sort nous a placés comme les enfants perdus de l’armée qui doit combattre pour elle et la faire triompher ; c’est à nous de bien faire notre tâche et de préparer ainsi le bonheur de générations suivantes.

Au reste, on trouve le sien propre dans un aussi glorieux ouvrage. Combattre pour combattre, n’est-il pas plus doux de le faire pour la félicité de toute une nation que pour la sienne particulière ? Et qu’est-ce autre chose que la vie du sage dans l’état social qu’un combat perpétuel contre les préjugés et les passions ?

Je ne m’attendais pas que vous auriez fait faire autant de chemin à ma relation[2], et il me semble que beaucoup de ses parties n’étaient faites que pour l’amitié.

  1. Lettres à Bancal, p. 58 ; — ms. 9534, fol. 39-40. En marge : « Rép. le 28 ».
  2. Probablement la longue lettre du 4 août, que Bancal aurait communiquée à diverses personnes. Il semble d’ailleurs que l’article du Patriote du 13 août : « Lyon. Le drapeau rouge est toujours déployé, etc., » en soit comme un résumé.