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d’artichaut renfermés dans la boîte, de celui où ces petites bêtes noires réduisent le meilleur de nos herbages.]

Nous vous embrassons, toto corde et animo.

[Je viens de rouvrir ma boite, et je n’ai déjà plus trouvé qu’une peau blanche verdâtre du soi-disant cloporte ; la bête noire en est sortie, et court comme les autres avec ce manteau qui leur donne l’air de petites boules hérissées.]


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[À BOSC, À PARIS[1].].
5 juillet 1788. — [du Clos].

Honneur à la science et surtout aux savants pour des expédients si bien trouvés ! Ne voilà-t-il pas mes artichauts bien préservés ? Et n’ai-je pas notablement augmenté la somme de mes connaissances en apprenant à donner le nom de larve à ce que je désignais fort bien par celui de bête noire ?

Vous ne me dites seulement pas à quoi ressemblent ces deux insectes parfaits éclos en route ; tandis que moi, je vous avais prévenu que vous trouveriez dans la boîte deux individus en nouvel habit. Mais j’en ai vu dans mon jardin, sous une troisième apparence, avec une belle cuirasse verte, courant fort lestement, et ne me faisant plus mal au cœur avec leur vilenie, quoiqu’ils s’adressent directement aux artichauts mêmes et ne tiennent plus compte des feuilles de la plante.

Arrangez-vous avec notre frère[2] pour les deux bouteilles d’huile ; en attendant, j’apprendrai à votre science qu’elles sont uniquement pour l’usage des humains, et que c’est le dernier, le plus puissant spécifique contre les vers. On le donne, à la dose de quelques gouttes, dans une cuillerée de sirop quelconque. Par ce moyen, on a retiré des portes de la mort des adultes sur lesquels l’action de tout autre remède avait été insuffisante, et qui périssaient dans les convulsions. Eudora en a pris une fois dans une maladie grave et a

  1. Bosc, IV, 125 ; Dauban, III, 568.
  2. Il y a votre dans le texte de Bosc ; mais il faut évidemment lire notre, c’est-à-dire le chanoine Dominique Roland, qui n’était pas encore revenu de Paris. (Voir lettre du 18 juin 1788.)