Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/841

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Si ce n’était qu’une brochure, achetez-la et nous l’envoyez par le chanoine. Si c’est un objet plus considérable, n’achetez pas, par raison de finance, et nous dites seulement ce que c’est.

Adieu, salut. Je suis pressée, j’attends de vos nouvelles. Nous vous embrassons loyalement et de bon cœur.


301

[À BOSC, À PARIS[1].]
[juin ? 1788], de Villefranche.

Bonjour donc et guère plus, car je suis pressée.

On dit ici que la réponse du Necker[2] est toute prête, mais que, pour la publier, il faudrait qu’il quittât le royaume. Qu’en dit-on dans votre monde ? Nous autres qui, malgré son caractère, le croyons passablement charlatan, nous doutons fort de l’existence de cette réponse, et de sa bonté si elle est vraie.

Carra a tout le ton de ce que vous dites qu’il est, et je serai bien aise de le savoir plus en détail.

Dites à notre frère, ce que je n’ai pu lui écrire ci-joint, que l’Intendant est venu ici faire faire l’enregistrement, après lequel notre bailliage, fort aise de cette petite violence, a pourtant voulu ne pas paraître se presser d’agir en conséquence[3]. Est arrivée une lettre de l’Intendant à son subdélégué, pour savoir

  1. Ms. 6239, fol. 285-286. — Ce n’est probablement qu’une fin de lettre. Le contenu indique qu’il faut la placer entre le lit de justice du 8 mai instituant les grands bailliages et le renvoi de Brienne (25 août). Bosc a eu la singulière idée de souder ce fragment à une autre lettre du 1er octobre 1788 (ms. 6239, fol. 260-261) et d’imprimer le tout (IV, 127) comme ne formant qu’une seule et même lettre. Dauban (II, 570) n’a pu que le suivre. Mais le simple examen de leur texte suffit à montrer que ce sont des morceaux de date différentes. De plus, après le mot « musars » qui termine la lettre du 1er octobre 1788, on voit au manuscrit une espèce de paraphe indiquant que Madame Roland pose la plume. Enfin, les deux papiers ne sont pas de la même teinte. Nous avons donc dû détacher de la lettre du 1er octobre 1788 ce fragment qui y avait été arbitrairement rapporté, et le replacer à sa date approximative.
  2. Réponse à M. de Calonne, qui faisait publier brochures sur brochures pour rejeter sur Necker le déficit qui avait amené sa chute.
  3. L’enseignement des édits imposés par Brienne dans le lit de justice du 8 mai.