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Bussy m’a dit de l’huile de ricin ce qu’en disent Vitet et l’autre ; il n’en a pas voulu et a ordonné deux grains de tartre. Ils sont pris ; l’effet va son train assez bien, et l’enfant boit tout ce qu’on veut, au moyen d’un peu de ruse ; il rend beaucoup de bile ; il a uriné une bonne fois avant de prendre son émétique dont le bon effet me donne de l’espérance et me fortifie d’autant. Fais ce que tu jugeras convenable de mon exposé ; rien, si tu veux, car je crois qu’au bout du compte il faut nous en tenir à Bussy, en le raisonnant et lui mâchant bien son affaire.

Je préparerai un lit de camp dans ta chambre pour Gosse ; je remettrai le petit lit au cabinet de toilette pour toi, et je ne ferai rien peindre, etc., que dans notre commune absence.

Il y a moins de tension au ventre.

Nourrissons-nous encore d’espérance ; ce qui m’en donne le plus est la force de ce pauvre enfant, qui réellement a un fonds de vigueur.

Il me semble que j’avais beaucoup de choses à te dire, mais assurément elles sont indifférentes par comparaison à celles dont je t’entretiens. Mon autre tourment, c’est que tu ne te ménages point, que tu t’échauffes extrêmement ; au nom de notre tendresse, aie soin de toi ! Je t’embrasse en me jetant dans ton sein.


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[À ROLAND, À LYON[1].]
Lundi, après midi, 17 avril 1786, — [de Villefranche].

Je ne puis t’exprimer, mon cher ami, combien je suis peinée de m’être trompée sur le jour du courrier et de l’avoir ainsi laissé partir hier sans te donner de nouvelles ; je m’étais figuré qu’il ne passait que ce soir. Tu auras été surpris de n’avoir pas de lettre ce matin : tu t’in-

  1. Ms. 6239, fol. 158-159.