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retard de correspondance ; il le regrettait à votre égard et me chargeait de vous dire qu’il se dédommagerait au premier instant.

Mille choses empressées, affectueuses à notre chère sœur ; mille autres à l’excellent M. Parault. Le berger Sylvain est bien maltraité pour son ouvrage échappé du déluge ; il est grossièrement étrillé dans l’Année littéraire ; c’est une honte pour les critiques que de s’armer ainsi du foudre de Jupiter contre quelques fleurs des champs[1]. Que disent et font tous vos savants ? Qui est-ce qui est poussé à l’Académie des sciences ! Et M. Broussonnet, n’est-il encore qu’à la porte ? Adieu, mon ami ; finissons la présente année et commençons l’autre sous les auspices de la franche et tendre amitié ; je vous renouvelle celle que je vous ai vouée dans la sincérité et l’abandon de mon cœur.

  1. Pierre-Sylvain Maréchal (1750-1803) à qui quelques poésies pastorales, publiées sous le nom du Berger Sylvain, avaient valu une place de sous-bibliothécaire au collège Mazarin, venait de la perdre pour avoir publié le Livre échappé au Déluge, parodie du style biblique, contenant des hardiesse contre les rois. — Voir Mémoires secrets, 31 décembre 1784 et 9 juillet 1785 et Correspondances littéraire, février 1785. — Madame Roland se souvenait de l’avoir connu dans sa jeunesse, vers 1772, aux concerts de Mme L’Épine (Mémoires, II, p. 138).