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tant M. de Pombreton[1], qui vient voir le frère et qui l’entretien dans ce moment des avantages de la bourgeoisie de Lyon, etc.

  1. J.-L. Préveraud de Pombreton, ancien garde du corps, « receveur de l’entrepôt du tabac. Il est aussi receveur dans la régie des huiles » (Almanach de Lyon, 1784, art. « Villefranche »). — Il tenait, nous ne savons par quel lien, à la famille de Roland. Nous verrons plus loin (lettre du 1er avril 1785) Madame Roland prier Bosc de faire des démarches pour lui faire obtenir aussi la recette des gabelles, — qu’il n’eut pas. Il était guidon des « Chevaliers de l’Arc » de Villefranche (Almanach de 1785). À la Fédération de Lyon, du 30 mai 1790, dont Madame Roland a écrit une si enthousiaste relation, nous voyons figurer « Préveraud de Pombreton », major, commandant le détachement de Villefranche-en-Beaujolais (Almanach de Lyon de 1791). C’est en effet en cette qualité, « major de l’état-major de la garde nationale », qu’il figure à l’Almanach de 1791 (Depréveraud) et à celui de 1792 (Préveraud).

    En 1793, il eut à Villefranche un rôle singulièrement hésitant ; major de la garde nationale, receveur du district, membre du conseil général de la Commune, pouvant faire prononcer sa ville pour ou contre l’insurrection de Lyon, il louvoya*. Lorsque, quelques jours après la chute de Lyon, le représentant de la Révolution vint épurer la municipalité de Villefranche, nous le assister à la séance (Registres municipaux de Villefranche, 18 octobre). Il n’en fut pas moins incarcéré en janvier 1794, et, le 18 pluviôse an ii (6 février 1794), la commission révolutionnaire de Lyon condamna à mort « Georges Préverau, ci-devant garde du corps du dernier tyran, et receveur du district de Villefranche ». Les considérants du jugement, beaucoup plus circonstanciés que ceux des autres sentences, lui reprochent d’avoir, comme commandant de la légion de Villefranche, favorisé la rébellion des Lyonnais, et aussi d’être « le parent et l’ami de Roland » (Melville Glover, Collection complète des jugements de la commission révolutionnaire de Lyon, 1869). Préveraud était déjà attaché pour être fusillé, quand survint une ordre suspensif des représentants Laporte et Méaulle. Aussitôt une députation alla à Paris demander sa mise en liberté. Le 12 février, trois citoyens, arrivant de Commune-Affranchie et de Villefranche, se présentaient à la barre de la Convention. L’un d’eux annonce que cette dernière commune est le théâtre des vengeances particulières exercées par J.M. Lapallu [juge de paix à Thizy, membre de la commission révolutionnaire de Feurs, guillotiné avec Chaumette le 13 avril 1794]… Les maisons d’arrêt regorgent des meilleurs républicains. Préveraud, receveur du district, qui a refusé l’argent de sa caisse, bravé les menaces de l’autorité départementale, et qui s’est montré le plus énergique ennemi des

    *. Voir Bibliothèque de Lyon, fonds Ceste, n° 17660 : «Extrait du compte rendu à la Société populaire de Villefranche, par Préveraud, après la sortie des rebelles Lyonnais, 14 octobre 1793. Signé pour copie conforme : Métra fils, secrétaire. Ms. 1, f. sceau. – Ibid., n° 17633. Procès-verbal de la Société populaire de Villefranche, contenant la justification de la conduite de Préveraud, 9 pluviôse an ii [26 janvier 1794]. – Extraits d’un discours et d’une adrese composée par le citoyen Préveraud, ms. in-folio, 7 feuillets. »