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[À ROLAND, À AMIENS[1].]
Mercredi soir [12 mai 1784], — de Paris.

Je ne t’ai pas écrit hier, mon ami : ce n’est pas faute d’avoir tenu la plume, car j’ai griffonné tout le jour à Versailles. J’ai fait une vingtaine de précis nouveaux, dont j’ai remis partie à Mme d’Arb[ouville] pour les distribuer aux différents ministres et aux membres du Conseil des dépêches au moment où l’affaire devra y être portée, partie à M. Faucon qui doit en envoyer çà et là, et partie que j’ai aussi adressée à quelques personnes. Mme d’Arb[ouville] a vu hier M. de Saint-Romain, moi je vis M. de Ville ; j’ai su de l’une et de l’autre part qu’on trouvait la lettre très avantageuse, mais point chaude et tranchante comme il la faudrait dans une affaire que les ministres répugnent à proposer parce que le Roi n’aime point à accorder les grâces de ce genre. Au reste, M. de Saint-R[omain] promet de mettre l’affaire incessamment sous les yeux du ministre ; Mme d’Arb[ouville] doit, d’ailleurs, parler à M. de Verg[ennes]. Déjà M. d’Arb[ouville] lui en a touché quelque chose. Mais il y a sur le tapis trois demandes de cette nature, bien appuyées, et qui sont là depuis six mois ; trois fois Madame Adélaïde a essuyé des refus pour pareille grâce, et depuis très peu de temps M. de Verg[ennes] nous portera-t-il au Conseil dans peu ? Voudra-t-il que l’affaire réussisse ? Rien de cela n’est bien certain. Le Conseil des dépêches ne se tient

  1. Ms. 6239, fol. 90-91. — Une note au crayon sur le manuscrit dit : « mai 1784 ». Nous disons sans hésiter 12 mai 1784. Remarquons, en effet, que cette lettre est écrite de Paris, au retour de Versailles. Or nous lisons, dans la lettre qui suit, de Lanthenas à Roland, du jeudi 13 mai : « La chère sœur… est arrivée hier [c’est-à-dire mercredi 12 mai] de Versailles… ».

    Notons aussi que, dans la présente lettre, Madame Roland transmet à son mari une lettre du prieur de Crespy, du 8 mai, ou, pour parler plus exactement, écrit sa propre lettre sur les pages blanches de celle du bénédiction.