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Adieu, mon bon ami ; dors bien, ménage-toi, caresse notre petite et prenons patience. Je te fais deux, trois, quatre, vingt poutous sur les deux yeux, le front, etc.


Dimanche au soir.

L’aspect des affaires dans ce pays est aussi changeant que celui du ciel pour notre climat inconstant ; j’ai beaucoup couru, je suis harassée et il n’y a rien de fait.

M. de La Rch. [Roche] ma offert d’envoyer tout de suite mes mémoires à M. Bld. [Blondel]. Je ne me suis pas souciée de cet envoi prématuré, parce que je le crois accompagné d’une lettre qui se sent des dispositions du ministre, lorsque celui-ci les a témoignées, et j’aime mieux les attendre. Du reste, pas de moyens d’ébranler cet homme circonspect, qui dit hautement qu’il ne faut demander l’intervention de la princesse qu’autant qu’on est parfaitement assuré que ce ne serait point en vain. L’intrigant, d’une autre part, sollicite pour son frère dans ce moment[1].

En vérité, à moins que d’être intime des gens en sous-ordre ou de les intéresser, on ne peut espérer qu’ils sacrifient des recommandations qu’ils se ménagent à eux-mêmes. Si je sollicitais un avantage pécuniaire considérable, ce serait le cas de répandre ; mais je vois que cela mènerait loin et que, dans la situation de notre fortune, ce serait acheter trop cher de beaucoup la grâce sans rentes que nous sollicitons. M. d’Arbouville, qui a couché cette nuit au château où Madame a été le trouver ce matin exprès pour lui remettre nos papiers et conférer de ce qu’il dirait à M. de Calonne, a dû saisir le moment favorable ou l’attendre s’il ne l’a point trouvé aujourd’hui, jour d’affluence où le ministre n’écoute et ne répond que des…[2].

  1. Voir, sur ce personnage inconnu, la lettre du 11 avril 1784.
  2. La suite manque.