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ANNÉE 1784

ou pût s’accommoder d’un nombre d’ouvrages équivalent à la totalité de ce qui te reste des Lettres, conclure ces marchés avec tous en même temps, sans qu’ils fussent instruits réciproquement, et leur délivrer la pacotille à tous à la fois avec la même adresse.

Je trouve fort bien les comment, mais les moyens, isolée comme je suis ?… Un libraire qui prenne tout est peut-être encore plus difficile à trouver, surtout quand il s’agit d’aller offrir ; ces gens-là se prévalent si bien ! Je tâcherai de voir, mais j’enrage d’avance, car que sert la tête avec des bras si courts ? — Combien au juste te reste-t-il de l’édition[1] ?

J’ai bien reçu hier la lettre où tu me donnes la note pour Stoupe[2]. Demain aussi, je verrai Prault[3]. J’ai eu dans son temps la lettre que tu m’as renvoyée de M. d’Huez ; ainsi notre pauvre ami se sera mépris. Cependant, si tu m’as écrit tous les jours, il me manque une lettre du mercredi, car je n’ai rien de cette date et j’ai passé le jeudi sans rien recevoir, après avoir bien compté les heures sur mes doigts, tout en écrivant. Ces copies prennent un temps incroyable, je ne fais autre chose, et cela, joint à des bains de pieds pour mes yeux, qui vont bien maintenant, et pour me procurer un relâchement dont j’ai grand besoin, — ces copies, dis-je, et ces petits soins de santé remplissent mes journées.

Tout ce que je fais pour digérer mon dîner, c’est de passer une heure avec Clarisse en français, car je ne me sens pas le courage de travailler l’anglais. Une causerie le soir en faisant le petit souper, des visites de Flesselles que je regarde comme mon bon ange, des apparitions de M. Parault, voilà ma vie.

Me voici bien obligée de courir avec cette histoire de douane qui

  1. Roland répond, le 29 mars 1784 (ms. 6240, fol. 165-166) : « Fais pour le Voyage d’Italie comme tu l’entendras ; il en reste encore de 600 à 700 exemplaires… » En fin de compte, l’ouvrage ne s’écoula pas. — Voir Appendice D.
  2. Stoupe, imprimeur, rue de la Harpe (Alm. de Paris de 1785, p. 122), un des imprimeurs de l’Encyclopédie méthodique.
  3. Prault, imprimeur, quai des Grands-Augustins (Alm. de Paris de 1785, p. 122), un des imprimeurs de l’Encyclopédie Méthodique et imprimeur du Roi ( Alm. royal de 1784, p. 500).