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je creuse ma tête à rêver avant de faire des démarches pour ne rien hasarder. M. Lanth[enas] se propose bien de demander demain à M. Tronchin[1] un billet pour quelqu’un de la douane, afin de retirer le paquet par faveur sans le renvoi à la chambre diabolique ; mais le vieux financier le fera-t-il, et, quand il le ferait, n’y aura-t-il point de formalités ? Enfin j’irai causer de cela avec Visse, qui pourra me dire peut-être ce que je dois attendre et faire ; ce sera mon premier objet demain matin ; il est trop tard ce soir.

Le jour de mon arrivée ici, le frère avait arrêté avec Blin[2] de lui prendre des livres notés du catalogue[3] pour la valeur de six exemplaires des Lettres à 9tt pris chez Visse ; il y aurait à cela quelques petites observations, sans doute, mais la convention était arrêtée ; ainsi, plus rien à dire. L’Ornithologie était déjà partie et nous n’en aurons pas ; le Démosthène est tout aussi bon que la nouvelle édition, c’est la même chose ; avant de clore ma lettre, je donnerai une note juste de ces livres, qui se réduisent à un petit nombre. Parlons de ton édition, dont le sort n’est pas peu embarrassant. Il faudrait, pour le mieux, trouver un libraire qui s’accommodât de l’édition entière, car, si l’on n’en débite qu’une portion, par échanges ou autrement, le rabais auquel se trouvera cette portion décréditera le reste de l’édition dont il n’y aura plus moyen de se défaire. Tout ou rien, c’est l’alternative. L’affaire présente avec Blin peut passer pour une exception, parce que six exemplaires, quand il les mettrait à bas prix, ne sont pas un assez grand nombre pour faire sensation et discréditer l’ouvrage. L’embarras ne serait point de lui prendre plus de livres, mais de courir le risque indiqué en lui livrant davantage des Lettres. Il faudrait mener cette affaire comme une intrigue, découvrir plusieurs libraires avec lesquels

  1. Tronchin, fermier général (Alm. royal de 1784, p. 562), rue d’Antin (Tableau de Rouen, 1777, p. 267). — Lanthenas le connaissait, nous ne savons pas comment. Il semble même que, dans les années qui suivirent, il ait travaillé quelque temps chez lui.
  2. Belin, libraire, rue Saint-Jacques (Almanach de Paris de 1785, p. 126).
  3. Probablement le catalogue de la bibliothèque du géomètre Bezout, qu’on devait vendre le 28 mars, ainsi que nous l’apprend une note de Roland inscrite au dos de la lettre du 24 (lettre 109 ci-dessus).