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ANNÉE 1784.



AVERTISSEMENT.

La plus grande partie de la correspondance de 1784 (51 lettres sur 74) se rapporte à un long voyage que Madame Roland fit à Paris, de mars à mai, dans le dessein d’y obtenir des lettres de noblesse pour son mari. Nous connaissions ce voyage et ces démarches par ses Mémoires (I, 160-162 ; II, 253-254). La correspondance va nous la montrer dans le vif de son rôle de solliciteuse. On trouvera, à l’Appendice J, tout le détail des préliminaires de cette entreprise.

Son plan (on le verra par la correspondance, mais il parait utile d’en dégager ici les lignes essentielles) était d’abord le suivant : ne pas négliger les démarches commencées depuis la fin de 1783 auprès du principal ministre. M. de Vergennes, dont l’affaire dépendait en dernier ressort, — mais obtenir avant tout qu’une proposition ferme dût adressée a M. de Vergennes par le contrôleur général, M. de Calonne, chef hiérarchique suprême de l’inspecteur, — et que Calonne la fît d’office, sans que la demande eût à passer d’abord par les Intendants du commerce, ses chefs immédiats. C’était hardi, compliqué et peu réalisable ; on verra que la solliciteuse dut bientôt se rabattre sur les Intendants.

Elle quitta Amiens le 18 mars (lettre de Roland, ms. 6240, fol. 92-93), accompagnée de sa fidèle bonne, Marie-Marguerite Fleury, laissant son mari et son enfant aux soins de la cuisinière Louison. Elle s’installa, comme d’habitude, à l’hôtel de Lyon, où elle prit deux chambres au second (lettres des 21 et 24 mars). Elle trouva là, logé à l’étage supérieur, Lanthenas, sur le point d’achever sa médecine. Bosc, au milieu des chagrins de famille qui le frappèrent alors, lui tint aussi fidèle compagnie.

Elle y resta jusqu’à la fin de mai, sauf quatre voyages à Versailles, — les 22 mars, 3-5 avril, 1-3 mai, 10-12 mai, — courant Paris, frappant à toutes les portes, mais s’apercevant bien vite, dès le 8 avril, qu’elle ne pourrait arriver à rien sans les Intendants de commerce. C’est donc vers eux qu’elle se