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[À BOSC, À PARIS[1].]
1er mai 1783, — d’Amiens.

Il y a bien longtemps que nous n’avons eu de lettre de vous ; je sais que vous êtes très occupé, aussi je ne vous fais pas de querelle, mais je parle d’une privation que nous sentons. Si vous voyez l’ami de Vin, dites-lui pour nous mille choses ; nous en avons reçu de sa part de nos voisins ; il devait aussi nous écrire ; mais ne lui dites pas cela, parce qu’il faut qu’il s’en souvienne tout seul, et, s’il l’oublie, je lui demande à son retour de faire une Épître à la paresse, commencée depuis longtemps.

Avez-vous définitivement trouvé quelqu’un plus accommodant que la dame Maille[2] ? Nous attendons constamment vos décisions sur les chiendents et vos instructions sur les pinceaux, sans oublier les éclaircissements de M. Sonnerat. Les yeux noirs de la grande sœur ont-ils toujours le même effet ? Très pardonnable, assurément, pourvu qu’au bout du compte il nous revienne un petit mot sur la traduction d’Aristote. M…., dont je ne sais pas le nom, a-t-il la bonté de s’occuper de la soierie ? Ce gros cahier nous tient au cœur, il a grand besoin de réforme, de corrections, etc… Nous serons fort aises qu’un homme versé dans cette partie nous donne des secours ; nous vous prions de soutenir et d’échauffer la bonne volonté de votre ami à cet égard ; c’est un vrai service à nous rendre.

Vous verrez, par la note ci-jointe, qu’il est question d’acheter un livre de botanique pour M. d’Eu. Nous croyons avec lui que la Flora est préférable à l’Hortus, mais que vous déciderez en dernier ressort

  1. Collection Étienne Charavay. — Mlle Bader avait déjà publié quelques fragments de cette lettre dans le Correspondant du 25 juin 1892.
  2. La femme du quincaillier de la rue des Lombards, chez qui Bosc était allé demander des échantillons de chiendents. — Voir lettres des 2 février et 5 avril 1783.