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toilette, que je ne voie faire une fosse ou la meubler[1] ; partout ce sont des mottes de terre nouvellement remuées qui disent : Il gît ici. J’en ai eu le cœur tout serré hier, que je m’étais avancée à la fenêtre pour reconnaître des herbes qui croissent tout près d’elle, sur le mur du cimetière. — J’oubliais de te dire que j’ai beaucoup questionné le médecin sur les moyens de faire ce qu’on appelle régler un enfant, qu’il m’a répondu n’en pas connaître et qu’il haussait les épaules chaque fois qu’il entendait une femme se féliciter d’avoir réduit son enfant à se passer du sein durant tant d’heures ; qu’en ne donnant que son lait, on n’avait pas à craindre de surcharge, que d’ailleurs on ne pouvait juger du besoin que par les…[2]


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[À ROLAND, À PARIS[3].]
Jeudi au soir, 31 janvier 1782, — [d’Amiens.]

Tes deux lettres, mon bon ami, du samedi et du lundi[4] sont arrivées ensemble hier après l’expédition de mon paquet ; je ne sais par quelle aventure elles ont fait le voyage de compagnie ; toujours est-il que la journée d’une telle réception est pour moi du nombre des heureuses. Je te sais bien bon gré de me donner de tes nouvelles fréquemment ; je ne te demande pas des épîtres, tout agréables qu’elles me soient ; je n’ignore point combien le temps se dépense rapidement où tu es, j’aime mieux encore que tu te reposes que de m’entretenir ; un mot de toi me suffit.

Ta santé est mauvaise, cela est clair, et me tourmente horriblement ; ce rhume qui ne te cause pas de douleur, dis-tu, mais qui t’ôte appétit, sommeil et le reste, que la fièvre accompagne, etc., demande

  1. Nous avons déjà dit que par les fenêtres de derrière de sa maison (voir lettre 45), Madame Roland avait vue sur le cimetière du cloître Saint-Denis.
  2. La suite manque.
  3. Ms. 6238, fol. 213-214.
  4. Lettres de Roland des 26 et 28 janvier 1782 (ms. 6240, fol. 136-137).