Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/1435

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il dit ailleurs (Dict. des manuf., t. I, 66* : « On sait l’histoire du prix extraordinaire proposé par l’Académie royale des Sciences pour l’année 1777, sur l’analyse et l’examen chimique de l’indigo. On en a vu le précis (dans l’extrait d’une lettre à M. de Couronne, secrétaire perpétuel de l’Académie de Rouen, extrait incorrectement imprimé dans le Journal de physique, janvier 1781) ». – Cf. Dict des manuf., t. I, xxxi : « Notre lettre du 23 août 1780 à M. de Couronne, secrétaire principal de l’Académie de Rouen, et dont on trouve un extrait dans le Journal de physique, janvier 1781 ; les remarques répandues dans notre Arts du fabricant de velours de coton, etc., prouvent également notre ardeur pour le progrès de ce bel art… ».

En somme, dans la question engagée avec la Chambre de commerce, l’Intendant n’avait donné à Roland qu’un appui bien douteux. Il va maintenant le malmener pour son compte.

De même que Roland, au début de son administration en Picardie, avait dressé une sorte de procès-verbal de sa prise en charge (« Précis de mes opérations depuis que je suis à Amiens », 25 décembre 1766), de même, après plus de huit années écoulées, il voulut constater les progrès accomplis et marquer ceux qui restaient à réaliser ; mais sa rude sincérité le fit rabrouer par l’Intendant :

« Précis de l’état actuel des fabriques et du commerce de la ville d’Amiens, comparé à un état semblable fait en 1767 », par M. Roland de La Platière, Amiens, 25 avril 1775. — Lettre de M. Roland de La Platière à l’Intendant, lui envoyant ledit état, « avec les observations… les plus propres à faire apprécier les clameurs auxquelles on s’est livré ». Amiens, 26 avril 1775. — Lettre de M. d’Agay à M. Roland de La Platière lui accusant réception dudit état et de ses observations qu’il trouve justes, mais ajoutant : « Je vois avec étonnement qu’en faisant connaître les progrès de la manufacture, vous observez que, si elle perfectionne lentement, c’est principalement parce que l’impôt est exorbitant, l’imposition arbitraire et la perception violente. Cette phrase est très indécente, vous n’auriez jamais dû l’employer. C’est faire une critique fausse et méchante des personnes respectables qui sont à la tête de l’Administration et de celles qui sont chargées de la recette et du recouvrement des finances et des droits du Roi. Prenez donc bien garde de vous donner à l’avenir de pareilles libertés, ni en public, ni en particulier, parce qu’il n’en résulterait rien que de fort désagréable pour vous. » Avec ces mots en marge : « N’a pas été écrite, M. l’Intendant ayant dit verbalement à l’inspecteur d’être plus circonspect dans son style », 5 mai 1775. (Invent. des Archives de la Somme, C. 286.)

Au milieu de tous ces heurts, Roland part pour son sixième voyage, un long voyage en Allemagne, qui dut durer cinq mois au moins, car, entre le 5 mai 1775 (lettre de M. D’Agay) et sa querelle avec la municipalité dont nous parlerons plus loin (7 novembre), nous ne trouvons aux Archives de la Somme rien qui indique la présence de Roland à Amiens.

Il nous raconte son voyage :

Une partie de l’année 1775 fut consacrée au voyage d’Allemagne ; je passai par Saint-Quentin ; j’en connaissais les manufactures, je les revis ; je visitais celles de Charleville et celles de Sedan ; je parcourus les rives de la Moselle et celles du Rhin jusqu’à Coblentz ; je remontai à Mayence pour gagner Francfort au temps de la foire ; là, comme à Leipzick, où j’arrivai en temps semblable, je trouvai l’entrepôt de l’Europe pour l’Orient et l’Occident ; j’y trouvai des gens de toutes les nations et des marchandises de toutes les espèces.