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15 février, 25 juillet 1781 ; — cf. Dict. des manuf., I, 24 : « M. Baillière, mon ami et mon confrère… ».) En octobre 1781, il publia en faveur de Roland, contre Holker, de violents pamphlets que nous analyserons en leur lieu (Appendice G).

8° François-Antoine-Henri Descroizilles (1746-1825), professeur de chimie élémentaire et appliquée à Rouen, eut aussi avec Roland d’affectueuses relations (Correspondance, 24 janvier 1783), mais d’une date postérieure, car il n’avait que dix-huit ans lorsque l’inspecteur quitta Rouen pour Lodève. Elles s’expliquent par les rapports incessants que Roland, dès que son établissement à Amiens l’eut rapproché de la Normandie, ne cessa d’entretenir avec tous les Rouennais qui s’occupèrent de sciences appliquées à l’industrie. On verra plus loin qu’il connaissait les demoiselles Malortie et leur rendit service pendant la Terreur.

9° Les rapports de Roland avec M. Haillet de Couronne, secrétaire perpétuel de l’Académie de Rouen, semblent ne dater que de 1780, année où il obtint d’être inscrit parmi les « associés à adjoints » de cette compagnie, et avoir été des plus courtois, mais sans intimité particulière.

10° Au contraire, le peintre rouennais Anicet-Charles-Gabriel Lemonnier (1743-1824) fut un véritable ami, et son nom revient bien souvent dans la Correspondance. Roland et lui avaient dû se connaître à Rouen avant d’en sortir. Roland en 1764 pour se rendre en Languedoc, Lemonnier en 1766 pour aller travailler dans l’atelier de Vien. Ils se retrouvèrent en 1776 à Rome, où Lemonnier, grand-prix de peinture (1772), était arrivé en 1774. D’après un de ses biographes (Lebel, Disc. de récept. à l’Académie de Rouen. 1883), il serait resté dix ans en Italie. Ce n’est en effet qu’en 1784 qu’il en revint définitivement, en s’arrêtant à Villefranche pour y voir les Roland (Correspondance, 23 novembre 1784). Mais on voit, par cette lettre même, et par une autre lettre des Papiers Roland (ms. 6241, fol. 282), qu’il s’était trouvé à Rouen en 1781. La Biographie Rabbe confirme ces indications : « En 1779, son temps d’Académie était écoulé : il revint dans sa patrie, qu’il quitta pour retourner en Italie ». Son nom reparaîtra bien souvent dans la Correspondance. Le 4 décembre 1792, Roland lui donna un logement au Louvre[1]. Il rendit de grands services pendant la Révolution, comme membre de la Commission des arts, où Roland l’avait fait entrer (Guillaume, III, passim).


§ 5. Les demoiselles Malortie.

Nous savons très peu de choses — et trop peu — sur ces vaillantes filles.

Champagneux, lorsqu’il parla le premier, en 1800, de l’asile qu’elles donnèrent en 1793 à Roland proscrit, n’avait même livré leur nom qu’à moitié : « Les citoyennes Mal… » (Disc. prélim., LXXXIII.)

M. Faugère, soixante-quatre ans plus tard, se montra plus explicite (Mém., I, 217) ; à l’endroit où la prisonnière écrit : « Je savais Roland dans une retraite paisible et sûre, etc… »,

  1. Lettre inédite de Roland à Lemonier, communiquée par le petit-fils du peintre, M. Henry Lemonnier, professeur à la Sorbonne.