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APPENDICE A.

seigneur d’Étouvy, de Sailly-le-Sec, etc. (Inv. Arch. d’Amiens, B, 168, 275 ; Breuil, Introd.), capitaine aux grenadiers de France. Entré au service à 13 ans, il avait fait les campagnes du règne de Louis XV et, comme on peut le présumer d’après cela, était beaucoup plus âgé que sa femme. Aussi Sophie Cannet, encore qu’elle eût déjà 31 ans, avait-elle eu quelque peine à se décider, et il avait fallu que Madame Roland lui prêchât le mariage (voir lettre du 1er août 1782).

M. de Gomiecourt mourut le 13 décembre 1788 (Breuil). Il laissait à sa femme deux enfants (Mémoires, II, 248).

L’amitié de Madame Roland et de Sophie Cannet, si vive durant de longues années, subit ensuite quelques éclipses. On voit déjà, par les Lettres Cannet et par la correspondance Join-Lambert, d’une part que Roland n’était pas bienveillant pour les amies de sa femme, d’autre part que Sophie avait été blessée du mystère que Marie Phlipon lui avait fait de ses engagements avec Roland ; on va voir aussi, dès les premières lettres de ce recueil, Madame Roland chercher à relâcher doucement l’ancien lien. Mais l’affection reprit d’abord le dessus : en 1789, c’est Madame Roland qui détermine Sophie à épouser le vieil officier ; en juin 1783, nous la trouvons en villégiature chez Mme de Gomiecourt, à Sailly-le-Sec. Puis, au moment où les Roland allaient quitter Amiens, survient une brouille, à la suite d’un « mauvais procédé » de M. de Gomiecourt (lettre du 12 août 1784). Mais, après la mort de M. de Gomiecourt, la correspondance se renoua, par l’entremise d’un ami commun, M. Deu. « Une ancienne amie de Mme de La Platière [c’est ainsi qu’alors on appelait Madame Roland] me prie de lui faire passer une lettre…, (lettre inédite de M. Deu à Bosc, du 13 Mars 1789, coll. Beljame). – « J’écris à Mme de Gomiecourt…, (lettre de Madame Roland à son mari, du 9 octobre 1790).

Ces indications concordent avec ce que Madame Roland nous dit elle-même dans ses Mémoires : « Roland avait désiré, au commencement de notre mariage, que je visse peu mes bonnes amies ; je me pliai à ses vœux, et je ne pris la liberté de les fréquenter davantage que lorsque le temps eût inspiré à mon mari assez de confiance pour lui ôter toute inquiétude de concurrence d’affection… » (II, 248).

« …Sophie est redevenue dévote ; et sa poitrine attaquée la rend très languissante et fait craindre pour ces jours, nécessaires à deux jolis enfants,… (Ibid., écrit en octobre 1793.)

D’après une tradition de la famille, elle aurait été incarcérée pendant la Terreur et cela aurait hâté sa fin, Nous ne la voyons pas figurer cependant sur la Liste des personnes emprisonnées à Amiens pendant la Terreur. Elle mourut en 1795, à 46 ans. C’est par erreur que M. Faugère, dans une note au passage des Mémoires que nous venons de citer, dit 42 ans.

De ses deux enfants, l’aîné, le chevalier de Gomiecourt, était né en 1784 (voir lettre du août 1784) ; il vivait encore en 1841 et habitait sa terre d’Agy, près Bayeux (Breuil). C’est lui qui confia alors à M. Breuil, pour la publier, la correspondance de Madame Roland avec sa mère et sa tante, que son oncle Sélincourt avait recueillie. En 1867, sa veuve et son fils, alors directeur des douanes à Tarbes, communiquèrent les autographes à M. Dauban qui put ainsi donner une édition beaucoup plus complète.

XI. Sur les demoiselles de Lamotte, vieilles cousines des Cannet, qui habitaient Paris, rue