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il parlait aussi de reprendre les travaux du cabinet, à commencer par « la pelleterie ». Le 4 octobre (ibid.), il priait Bosc d’envoyer Lanthenas à Marly, chez M. de Nervo, l’ancien seigneur de Theizé, pour le presser au sujet d’une vente de biens-fonds : « Qu’il dise nettement à M. de Nervo que, étant prêts à placer ailleurs, nous préférerions acquérir de lui, près de nous, et que nous lui en paierions autant ou plus que personne… »

Ainsi, faire valoir le Clos, achever son Dictionnaire, Roland ne voit pas alors au delà.

Mais sa femme ne se résigne pas à « retomber dans toute la nullité de la province » (voir lettres 460 à Roland et 462 à Bancal) ; il est vrai que, dans d’autres lettres (464 à Robespierre, 465 à Champagneux), elle annonce des projets de tout point semblables à ceux de Roland. Mais la suppression des inspecteurs des manufactures (décret du 27 septembre 1791) enlevait au ménage 5,000 livres de revenu[1] ; en retournant à Paris, on pouvait s’y créer des ressources ; en tout cas, on rentrait dans l’action. Aidée de Sophie Grandchamp[2], elle finit par décider son mari. La lettre du 30 novembre nous montre les Roland faisant résolument leurs préparatifs de départ.

À peine arrivé à Paris (15 décembre) et installé à l’Hôtel Britannique, mais cette fois au troisième étage, Roland dresse un mémoire de ses services[3], pour réclamer le bénéfice du décret du 22 août 1790 sur les pensions, c’est-à-dire une retraite.

Puis il se remet à l’impression, si longtemps ajournée, du tome III de son Dictionnaire des manufactures. « Cet ouvrage était achevé en octobre 1790. L’impression en a été retardée jusqu’à ce moment (janvier 1792), parce qu’il n’est point de travaux qui ne soient subordonnés aux devoirs du citoyen » (Dict. des manuf., t. III, p. 493).

En même temps, il songe à créer un Journal des Arts, « consacré à l’agriculture, aux arts [industriels] et au commerce » (lettre à, Albert Gosse, du

  1. Nous avons déjà dit (p. 390) que le traitement de Roland était de 5,600 livres, dont 600 payées par la ville de Lyon à titre d’indemnité de logement. Mais il convient d’ajouter ici que Roland, en fait, n’avait jamais touché cette indemnité, et qu’en 1791 il fit l’abandon de sa créance à la commune (Wahl, p. 346).
  2. Voir la Révolution française de juillet 1899.
  3. Girardot, p. 7. — Ms. 6243, fol. 57-58, pièce datée de « Paris, décembre 1791. » — Une autre copie, commencée de la main de sa femme, continuée par lui, et datée du 20 février 1792, se trouve au ms. 9532, fol. 240-205.