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lâtrie dont tant de gens sont encore atteints ; la Reine a reçu beaucoup de propos mortifiants qui lui ont annoncé les dispositions générales sur son compte. Je vois les meilleures têtes se persuader que nous ne pouvons éviter la guerre civile et que nous touchons au moment où elle doit éclater. Le renouvellement du Corps législatif n’est point encore déterminé ; il me parait soumis à de nouvelles circonstances et n’est peut-être plus si prochain ; c’est ce que huit jours encore nous apprendront sûrement.

J’ai dîné avant-hier avec votre compatriote[1], qui vous juge et vous aime, et j’ai été bien aise de faire sa connaissance.

Adieu, je ne puis causer longuement avec vous aujourd’hui ; ci-joint une épître du bon ami Garran.

La lettre à J. Bewan[2] est du quaker français Marsillac, de la connaissance de nos amis Brissot et Lanthenas ; elle vous annonce à d’autres quakers de Londres, ainsi que votre projet d’union universelle, et elle est destinée à vous procurer de nouveaux moyens de le réaliser. Vous verrez quelles ressources vous pourrez trouver pour cela chez ces amis de l’humanité, qui doivent singulièrement goûter tout ce qui s’accorde avec les sentiments de la fraternité.

  1. Probablement Gauthier de Biauzat, député du Tiers de Clermont, que nous avons vu, le mois précédent, président des Jacobins. — La scission entre Bancal et lui n’allait pas tarder à se produire.
  2. Joseph Gurney-Bevan (1753-1814), écrivain quaker, ami de James Phlipps. Bancal le vit à Londres (Coll. Picot.)

    Quant à J. Marsillac, « docteur en médecine de la Faculté de Montpellier, député extraordinaire des Amis de France à l’Assemblée nationale » (Quérard, France littéraire), c’était, comme le dit Madame Roland, « un quaker français ». Il venait de publier la Vie de Guillaume Penn (Paris, au Cercle social, 1791, 2 vol. in-8o). Nous possédons de lui deux brochures de 1792 : 1° Hôpitaux remplacés par des sociétés civiques et des maisons d’industrie, par J. Marssilac, médecin de Hôpitaux ; 2° Règlements des sociétés civiques, par J. Marssilac, médecin ; — et Rolan, par une circulaire du 17 décembre 1792, adressa ces brochures « aux sociétés populaires, aux pasteurs de campagnes et les villes, etc… ». — Cf., sur lui, Tourneux, 10318.