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401

À BOSC, [À PARIS[1].]
24 janvier 1791, — [de Lyon].

Ci-joint diverses expéditions patriotiques. Veuillez vous charger vous-même de la lettre de Lanthenas pour les Jacobins et savoir ce qu’est devenue la première dont il parle à Brissot. Il se donne ici beaucoup de mal, et je vous promets que personne de nous ne s’y endort ; il n’y a rien de si désolant que de ne jamais savoir ce que deviennent les choses qu’on a bien pris peine à recueillir et que l’on communique avec vigilance pour qu’elles aient leur effet. Quelquefois notre docteur se dépite et prend envie d’aller dans ses montagnes pour y demeurer couché tout le jour. Aussi vous autres Parisiens ne savez pas faire marcher votre Assemblée, et vous attendrez qu’on s’égorge sur les frontières pour faire montre de bravoure.

On dit que l’inspection[2] va se traiter sous peu ; en vérité, malgré l’intérêt que je puis y avoir, je trouve pitoyable qu’on songe à pareille bagatelle quand on a une Constitution à finir et des milliers de mécontents à mettre à la raison.

Adieu, adieu.


402

À M. H. BANCAL, À LONDRES[3].
26 janvier 1791, — de Lyon.

Je viens remplir le devoir sacré d’entretenir mon ami malheureux, de mêler mes pleurs aux siens et de nous abreuver ensemble des amertumes de la vie.

Devoir !… J’aime à saisir partout ton image ; mais sais-je s’il en existe un

  1. Collection Alfred Morrison. — Dans un angle de la lettre, à gauche, il y a : « M. Bosc. »
  2. La question du maintien ou de la suppression des inspecteurs des manufactures toujours en suspens.
  3. Lettres à Bancal, p. 160 ; — ms. 9534, fol. 87-88.