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HISTOIRE

Dieu dont le premier commandement est : Aimez-vous les uns les autres comme des frères.

Cette horrible journée, où périrent tant de victimes, n’éteignit pas le zèle des protestans ; le sang des martyrs est fécond ils se soulevèrent bientôt à Montauban, et s’enfermèrent dans La Rochelle, où le duc d’Anjou fut les assiéger. À La Rochelle, les huguenots conclurent la première paix avantageuse qu’ils eussent pu obtenir.

La Saint-Barthélemy excita dans toute l’Europe une horreur générale, que la reine d’Angleterre Elisabeth osa seule exprimer. Elle fit prendre le deuil à sa cour, et lorsque l’ambassadeur de France y parut, il fut accueilli par un morne silence et quelques paroles sévères de la reine adressées à son maître. Elisabeth protégea et aida aussi ses coréligionnaires, dont le massacre avait ému son âme de colère et de douleur.

Le duc d’Anjou, que nous venons de voir faire le siége de La Rochelle, fut élu roi de Pologne ; il avait une grande réputation de bravoure et d’amabilité ; il resta peu de temps dans son nouveau royaume, la mort de son frère Charles IX l’ayant appelé à la couronne de France, qu’il porta sous le nom d’Henri III.

À partir du jour de la Saint-Barthélemy, Charles IX ne fit plus que languir ; abîmé de débauches, son épuisement ne semblait promettre aucune guérison. Des remords cuisans vinrent le dévorer : il regarda sa maladie comme une punition de Dieu, et le peuple ne manqua pas d’y voir aussi la main vengeresse de la Providence. Tourmenté de remords, il disait souvent en pleurant : Que de sang et de meurtres ! Ah ! que j’ai suivi un méchant conseil ! Ô mon