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DE FRANCE.

chercher les huguenots qui pouvaient s’y être réfugiés. De grands hommes périrent, entre autres le savant Rancus, que des écoliers furent arracher à son travail pour le massacrer, et Jean Goujon, sculpteur, travaillant, dit-on, à l’un des médaillons de la cour du Louvre, ce qui ne semble guère probable, le massacre ayant commencé la nuit : personne ne fut sans doute tenté de reprendre le lendemain son travail ordinaire. Un jeune duc de La Force échappa par miracle au massacre où furent enveloppés tous les siens. Beaucoup de vengeances particulières furent satisfaites au milieu de ces horreurs, dont la cour eut l’impudeur de montrer sa joie. Les filles de la reine furent, avec de grands éclats de rire, considérer le corps de plusieurs victimes, et Catherine envoya, dit-on, au pape la tête de Coligny embaumée, croyant ce présent l’un des plus agréables qu’elle pût faire au saint Père[1].

Les provinces furent ensanglantées au même jour. Deux lieutenans du roi, d’Orthez et Thomasseau eurent seuls le courage de résister aux ordres émanés de la cour. Le vicomte d’Orthez répondit : Sire, j’ai communiqué les lettres de votre majesté à ses fidèles habitans et gens de guerre de la garnison ; je n’ai trouvé que de bons citoyens et fermes soldats, mais pas un seul bourreau. L’évêque de Lisieux et l’archevêque de Lyon firent ouvrir les portes de leurs palais aux réformés ; ils ne trouvèrent un asile assuré que chez le premier, et le second ne put les soustraire à la fureur des catholiques, devenus assassins au nom d’un

  1. Le prince de Béarn, beau-frère du roi, n’échappa au massacre qu’en faisant abjuration.