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HISTOIRE

bientôt elle y mourut empoisonnée, dit-on, au moyen d’une paire de gants. On craignait son noble caractère, bien éloigné de celui de la reine-mère, et on voulait enlever à son fils le secours de ses conseils. Catherine et Charles IX furent soupçonnés de cette mort, qui n’empêcha pas la conclusion des noces de Henri et de Marguerite, aux fêtes desquelles devait avoir lieu la Saint-Barthélemy, dont cette mort sembla le prélude.

Un jour l’amiral de Coligny fut blessé, en sortant du Louvre, par un nommé Maureaut, appelé depuis le tueur du roi. Il était malade dans son lit des suites de sa blessure, et Charles IX et sa mère le visitaient : le massacre des protestans était arrêté cependant !

Le jour, ou plutôt la nuit de la Saint-Barthélemy, le 24 août 1572, à un signal donné, les catholiques en armes tombent sur les protestans, qui ne se défiaient de rien. Coligny fut tué le premier : quatre assassins montent chez lui, le trouvent dans son lit, et ne sont touchés ni de son âge, ni de ses prières, ni de sa courageuse résistance. Le duc de Guise, qui avait à venger sur lui la mort de son père, se tenait dans la cour ; on lui jeta le cadavre par la fenêtre ; il en essuya, dit-on, la face avec un mouchoir, afin de le bien reconnaître, puis insulta son ennemi mort. Le corps de l’amiral lut ensuite pendu, et Charles IX alla le voir aux fourches patibulaires, répondant à ceux qui voulaient l’en détourner comme d’un spectacle dégoûtant : Le corps d’un ennemi mort sent toujours bon.

Le massacre fut horrible : les maisons des protestans furent forcées, et on les y égorgea ; Charles tirait lui-même sur ses sujets d’une fenêtre du Louvre. On vint jusque dans la chambre de la princesse de Béarn