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LES OEUVRES

Venez, Nymphes, venez, voicy le petit Clain,
Qui humblement vous offre, & les bras & le ſein,
Ne le deſdaignez point, venez, ô vive ſource,
Courez prompte vers luy d’vne legere courſe,
Et ſi comme Tagus il n’a le ſable d’or
Aſſeurez vous pourtant qu’il tient un grand treſor,
Tant de gentils eſprits ornement de noſtre aage,
Qui reverent ſes eaux, & luy rendent hommage.
Nymphes vous plaiſt il pas leur preſter voz ſsaueurs
Afin d’en recevoir quelques dignes faueurs ?
Il ne faut pas pourtant que par vous soit traſſee
La memoire du bien, mais la peine paſſee.
Et quoy ? Si vous perdiez le ſouuenir de tous,
Vous feriez perdre auſſi le ſouvenir de vous.
Pource ie vous ſuply les arroſer de ſorte,
Que iamais en leurs mains la grace n’en ſoit morte
Et que voüant vn vers à l’immortalité,
Ils vous rendent ſans fin le loyer merité.
Belles & ſainctes eaux, voſtre ſacré riuage
De ce grand Dieu viuant repreſente l’image.
Il eſt le pere aydant, vous aydez à chaſcun,
Vous eſtes touſiours meſme, & il eſt touſiours vn,
Il meut inceſſamment cette machine ronde,
Vous la mouuez auſſi d’une force ſeconde :
Nous receuons l’eſprit de ſa Diuinité
Nous receuons le corps de voſtre humidité.
Vous auez le pouvoir, o belles ſources vives,
D’amender la fortune avec l’or de voz riues,
De charmer les ennuys, d’appaiſer les douleurs,