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DE M. DES ROCHES.



Ie confeſſe vrayement que l’Amour ſçait biẽ peindre
Et non pas Sincero, car ie vous ſens trop mieux
Grauee dans mon cueur qu’en mill’ & mille lieux,
Où i’ay tant eſſayé de pouuoir vous depeindre.
Helas ie ne ſcay rien que me douloir & plaindre,
Charite mon ſoucy, les flambeaux de voz yeux
Ont verſé dans les miens tant d’eſclairs radieux
Que ie brule touſiours ſans me pouuoir eſteindre.
Il y a fort long que ces flambeaux ardans
M’euſſent tout conſommé tant dehors que dedans :
Mais une froide pœur qui veut que ie languiſſe
Me rend glacé, craignant que voz perfections
Deſdaigneuſes de voir tant de ſeditions,
S’enuolent dans les Cieux auecques la iuſtice.


CHANSON.


Ie ſens une froide crainte,
Qui me glace tout le cueur,
Ie crain que mon amour ſaincte
Eſprouve quelque mal-heur :
Iamais d’vn diuin preſage
L’homme ſage,
Ne doit eſtre deſdaigneux,
Ny peu ſoigneux.
Charite ma douce vie,
Las i’ay ſonge de vous voir
En vn marbre conuertie,
Sans parler & ſans mouvoir :
Et que voſtre face belle