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BALZAC

Ces pages sur le grand romancier Honoré de Balzac (1799-1850) sont plutôt une silhouette de l’homme qu’un portrait de l’écrivain. Parmi les divers originaux que connut George Sand aux environs de 1835, celui-là fut le plus singulier. Le romancier est apprécié rapidement mais très justement vers la fin du volume.


Un de mes amis qui connaissait un peu Balzac m’avait présentée à lui, non comme une muse de département, mais comme une bonne personne de province très émerveillée de son talent. C’était la vérité. Bien que Balzac n’eût pas encore produit ses chefs-d’œuvre à cette époque, j’étais vivement frappée de sa manière neuve et originale et je le considérais déjà comme un maître à étudier. Balzac avait été, non pas charmant pour moi à la manière de Delatouche, mais excellent aussi, avec plus de rondeur et d’égalité de caractère. Tout le monde sait comme le contentement de lui-même, contentement si bien fondé qu’on le lui pardonnait, débordait en lui ; comme il aimait à parler de ses ouvrages, à les raconter d’avance, à les faire en causant, à les lire en brouillons ou en épreuves ; naïf et bon enfant