Tout cela n’est pas seulement doctrine platonicienne, mais sûrement, évidemment, expérience platonicienne. » C’est donc seulement sur la seconde partie de l’hypothèse qu’il convient de faire des réserves : elle n’est nullement invraisemblable, mais elle est insuffisamment justifiée. Au reste, au point de vue chronologique, l’hypothèse qui voit dans le Banquet une sorte de reflet de l’amitié de Platon pour le prince syracusain, n’entraîne avec elle aucune difficulté. Le retour de Platon à Athènes après son séjour à la cour de Denys l’Ancien, se plaçant aux environs de 387, il n’y aurait en effet rien de surprenant que le souvenir de sa grande amitié pour Dion fût encore très-vivant dans son esprit au moment où, d’après les vraisemblances mentionnées antérieurement, il aurait écrit son Banquet.
§ 82. — En résumé, il est plus difficile qu’on ne le dit généralement de fixer la date de composition du Banquet. Une seule indication pourrait permettre de déterminer avec certitude au moins une limite a parte ante, qu’on ne saurait dépasser. Mais cette indication même donne lieu, nous l’avons vu, à des discussions légitimes, aussi bien quant aux inductions qu’on peut fonder sur elle, en l’interprétant comme on le fait ordinairement, que relativement à la signification qu’il convient de lui attribuer ; en outre les difficultés que nous avons cru trouver dans certaines des hypothèses émis à ce sujet ne sont sans doute pas insurmontables. Il nous reste maintenant à nous poser une question qui, pour être plus large, n’est pas moins épineuse, bien au contraire : celle de savoir si le Banquet doit être placé avant ou après le Phèdre.
§ 83. — Deux opinions sont en présence relativement aux rapports chronologiques du Phèdre et du Banquet, après l’une, qui est classique, le Phèdre serait antérieur au Banquet ; l’autre renverse ce rapport et apparaît le plus souvent aux partisans de la première comme une opinion hérétique
