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elles doivent être dépassées. — 1) Si le sujet qui n’est ni bon, ni mauvais (par exemple le corps) aime le bon (par exemple la médecine) à cause du mal (la maladie), c’est sans doute en vue d’un bien à acquérir (dans le cas particulier, la santé). Mais la santé est amie du corps, la maladie en est l’ennemie. Il se trouve donc que ce qui n’est ni bon, ni mauvais, est ami de ce qui, étant bon, lui est ami, à cause de ce qui, étant mauvais, est son ennemi, et en vue de ce qui, étant bon, lui est ami également. Ainsi apparaît une première difficulté : l’ami devient ami de l’ami et, par conséquent, le semblable est ami de son semblable, ce qui précédemment avait été reconnu impossible. — 2) Ce n’est pas tout. Si ce qui est aimé est aimé en vue d’autre chose, ainsi la médecine en vue de la santé, à son tour la santé doit être aimée en vue de quelque chose, et de quelque chose que nous aimons, et ainsi de suite. Mais il faudra bien s’arrêter à un principe, lorsque, au lieu de remonter ainsi sans s’arrêter à un principe, lorsque, au lieu de remonter ainsi sans fin de chose aimée en chose aimée, nous aurons atteint ce qui est aimable par excellence et en vue de quoi tout le reste est aimé. — 3) Or ce principe est seul véritablement aimable ; toutes les autres choses ne sont aimées que comme images de ce dernier aimable. De même le vin n’est pas vraiment aimé par celui dont le fils a bu la ciguë ; de même ce que nous aimons, ce n’est pas l’or et l’argent eux-mêmes, ce sont les biens qu’ils procurent. Si donc cet objet dernier de nos amours, cet aimable suprême, c’est ce qui est aimé pour soi-même, il s’ensuit que, contrairement à ce qui vient d’être dit, l’ami n’est pas, en soi et essentiellement, aimé en vue d’une autre chose amie (218 C-220 B).

§9 - VI. En second lieu, s’il est vrai que le bon est aimé, est-il vrai, d’autre part, que ce qui est aimé le soit toujours à cause du mal ? S’il en était ainsi, le bon n’est bon qu’à cause du mal et, le mal étant supposé disparu, le bon deviendrait complètement inutile. Nous n’éprouverions alors, en effet, aucune souffrance et nous ne ressentirions, par conséquent, nul besoin de chercher dans le bon aucun soulagement à notre malaise. Mais cette conception est inacceptable pour