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CHAPITRE I

EXPOSITION DE LA THÉORIE DE L’AMOUR
D’APRÈS LE LYSIS, LE BANQUET ET LE PHÈDRE


§ 2. — Si l’on veut obtenir une exposition objective de la théorie platonicienne de l’Amour, le moyen le plus simple sera, semble-t-il, d’extraire en quelque sorte cette exposition des dialogues où elle est présentée. Nous commencerons donc par analyser, de ce point de vue, le Lysis, le Banquet et le Phèdre. L’ordre choisi ne figure rien quant à la relation chronologique de ces trois dialogues, qui sera étudiée plus tard ; il est motivé, en ce qui concerne le Phèdre, par le fait que la doctrine de l’Amour y est exposée d’une façon en quelque sorte occasionnelle et avec plus de liberté ou, en apparence tout au moins, plus de fantaisie que dans les deux autres. Il convient de reconnaître, d’autre part, que le procédé employé court grand risque, en dépouillant d’admirables œuvres d’art de ce qui en fait la beauté et le charme, de paraître sacrilège. Mais une analyse rigoureuse des idées, une détermination sèche et même un peu scolastique de leurs divisions et de leurs liaisons ont semblé indispensables pour l’intelligence philosophique de la théorie que nous étudions.

I. — Lysis.

§ 3. — Le point de départ du Lysis, c’est l’amour d’Hippothalès pour le jeune Lysis. Toutefois la recherche, bien qu’elle soit motivée autant par ce fait initial que par l’amitié, proprement dite, de Lysis pour Ménéxène, porte sur l’essence