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Le Vingtième Siècle

fut plein de gens qui accouraient, s’informaient, entouraient les malades et, peu après, tombaient eux-mêmes indisposés… Ce fut bientôt un concert de plaintes indignées contre M. Lorris. Des invités, pâles et affadis, gisaient sans force sur tous les meubles ; d’autres, au contraire, agités et surexcités, semblaient en proie à de véritables attaques de nerfs. M. Philox Lorris, très atteint, n’avait pas la force de faire évacuer le petit salon, particulièrement dangereux, ni même de faire ouvrir les fenêtres pour laisser échapper les miasmes ; ce fut M. La Héronnière qui, voyant les gens continuer à s’accumuler dans la pièce infectée, eut la pensée de les ouvrir toutes grandes.


« c’est moi qui vous soigne, maintenant ! »

La Héronnière s’interrogeait inquiet et se tâtait le pouls ; mais, seul de tous ceux qui se trouvaient là, il était indemne et ne ressentait pas le plus petit malaise. Cependant l’ex-malade, rassuré pour lui-même, prit peur tout de même en songeant que son médecin était atteint, et il s’en vint offrir son aide et ses soins à Sulfatin.

« Vous m’affirmiez que mon traitement n’était pas terminé, lui dit-il, n’allez pas me faire la mauvaise farce de me laisser en plan ! C’est moi qui vous soigne, maintenant ; je devrais vous réclamer des honoraires ou une déduction sur mon compte !… Comment se fait-il que je n’aie rien quand tous ceux qui sont là sont atteints ?

— Vous pouvez braver les miasmes grâce aux inoculations que vous avez subies, répondit Sulfatin d’une voix entrecoupée… Faites évacuer