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Le Vingtième Siècle

Sulfatin et Philox Lorris s’étaient précipités et tous deux cherchaient à découvrir le point de fuite des miasmes ; ce fut Philox Lorris qui le trouva. Un tuyau que Sulfatin, dans sa préoccupation, avait un peu dérangé, laissait fuser un mince filet de vapeurs délétères. M. Philox Lorris et Sulfatin, la sueur au front, s’efforcèrent de réparer la légère et imperceptible avarie, ce n’était pas grand’chose et ce fut bientôt fait, mais il était temps ; s’ils avaient tardé, d’épouvantables malheurs eussent été la conséquence de la fatale distraction de Sulfatin.

Mais l’air effaré de M. des Marettes, qui s’efforçait de percer la foule pour gagner un ascenseur, avait jeté l’émoi parmi les invités et interrompu un morceau en exécution. Quelques personnes se levèrent dans le clan des gens sérieux que la musique ne passionnait pas ; à leur tête, accoururent la doctoresse Bardoz et la sénatrice Coupard, de la Sarthe.

« Qu’est-ce qu’il y a, cher maître ? demanda la doctoresse ; seriez-vous malade ? Quelle odeur singulière !

— Tranquillisez-vous, il n’y a plus de danger, dit Philox Lorris, mais la tête me tourne. N’ébruitez pas l’accident… Vite, que tout le monde, le plus tôt possible, se mette au lit… C’est le plus sûr…

— N’alarmez personne, dit Sulfatin, il n’y aura rien de grave, la fuite est trouvée et bouchée… Ah ! je ne me sens pas bien !

— Quel accident ? quelle fuite ? firent quelques voix effrayées.

— Le réservoir aux miasmes ! gémit M. des Marettes, qui revenait s’écrouler sur un divan.

— Du calme ! s’écria Philox Lorris en se serrant le front, ce ne sera rien, nous aurons une légère épidémie !… une toute petite épidémie ! Aïe ! la tête !

— Une épidémie ! !! »

Déjà le désarroi avait gagné le grand hall, le concert était abandonné, on se pressait, on se bousculait pour savoir ce qui venait d’arriver. Sur ce mot épidémie ! tout le monde pâlit et quelques personnes furent sur le point de s’évanouir.

Une toute petite épidémie ! Je réponds de tout, la fuite était insignifiante…

— Je ne me sens pas bien non plus, dit Mlle la doctoresse Bardoz en se tâtant le pouls.

— Du calme ! du calme ! »

En moins de cinq minutes, le petit salon où s’était produit l’accident