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Le Vingtième Siècle

— Vous savez, reprit Philox Lorris, combien nous gémissions tous de l’usure corporelle si rapide en notre siècle haletant ? Plus de jambes !

— Hélas !

— Plus de muscles !

— Hélas !

— Plus d’estomac !

— Trois fois hélas ! C’est bien mon cas !

— Le cerveau seul fonctionne passablement encore.

— Parbleu ! Quel âge me donnez-vous ? demanda piteusement Arsène des Marettes.

— Entre soixante-douze et soixante-dix-huit, mais je pense que vous avez beaucoup moins !


« plus d’estomac ! »

— Je vais sur cinquante-trois ans !

— Nous sommes tous vénérables aujourd’hui dès la quarantaine ; mais tranquillisez-vous, il y a là dedans de quoi vous remettre presque à neuf… Vous commencez maintenant à pressentir l’importance des communications que j’ai à vous faire, n’est-ce pas ? Mais j’ai besoin de mon collaborateur Sulfatin et de son sujet, un ex-surmené que vous avez jadis connu et que vous allez revoir avec quelque étonnement, j’ose le dire ! Permettez que j’aille le chercher… »

Sulfatin avait disparu dès le commencement du concert. Philox Lorris, qui aurait bien voulu en faire autant, le tapage musical ne l’intéressant nullement, ne s’en était pas inquiété. Sans doute, Sulfatin avait préféré causer dans quelque coin avec des gens plus sérieux que les amateurs de musique. Quelques groupes d’invités, pour la plupart illustrations scienti-