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Le Vingtième Siècle

là-bas, dans l’immense et jusqu’ici tout à fait inutile océan Pacifique ! Quelle œuvre, messieurs, quelle œuvre !


« mes espérances ! »

— Revenons à notre affaire, reprit Philox Lorris, voyant que la conversation menaçait de s’égarer ; les trop grandes agglomérations humaines et l’énorme développement de l’industrie ont amené un assez triste état de choses. Notre atmosphère est souillée et polluée, il faut s’élever dans nos aéronefs à une très grande hauteur pour trouver un air à peu près pur, — vous savez que nous avons encore, à 600 mètres au-dessus du sol, 49,656 microbes et bacilles quelconques par mètre cube d’air. — Nos fleuves charrient de véritables purées des plus dangereux bacilles ; dans nos rivières pullulent les ferments pathogènes ; les établissements de pisciculture ont beau repeupler régulièrement tous les cinq ou six ans fleuves et rivières, les poissons n’y vivent plus ! Le poisson d’eau douce ne se rencontre plus que dans les ruisselets et les mares au fond des campagnes lointaines. Ce n’est pas tout, hélas ! Il y a encore une autre cause à notre triste dépérissement ; elle tient aux mœurs modernes et aux universelles et impérieuses nécessités pécuniaires, tourment de notre civilisation horriblement coûteuse. Cette cause, c’est le mariage par sélection à l’envers. Comme philosophes, nous nous élevons contre ce funeste travers et, comme pères, nous nous laissons aller à pratiquer aussi pour nos fils cette sélection à l’envers. Que recherche-t-on généralement quand l’heure est venue de se marier et de fonder une famille ? Quelles fiancées font prime ? Les orphelines, c’est-à-dire les jeunes personnes dont les parents n’ont pu dépasser la faible moyenne de la vie humaine, ou, à défaut d’orphelines, celles dont les parents sont au moins souffreteux et caducs, ce qui permet