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Le Vingtième Siècle

Les officiers de l’escadre aérienne, faisant virer leurs hélicoptères, regagnèrent rapidement leurs postes ; on vit aussi une nuée d’éclaireurs torpédistes à marche accélérée s’élancer en avant, en décrivant une sorte d’éventail dans le ciel, et disparaître bientôt, perdus dans les lointaines vapeurs. Derrière, les grosses aéronefs, sur une seule et immense ligne dont les intervalles s’élargissaient de plus en plus, de façon à embrasser le plus possible d’horizon, marchaient plus lentement, toutes prêtes à pivoter sur un point au premier signal, dès que l’escadrille ennemie serait aperçue.

Les forces terriennes, pendant ce temps-là, s’étaient ébranlées aussi ; un train spécial du tube transporta quelques bataillons de mitrailleuses jusqu’au trentième kilomètre, où le tube était censé coupé par des éclaireurs ennemis.

Le premier contact était pris ; les éclaireurs torpédistes aériens ou bicyclistes terriens repoussés, l’ennemi fut signalé en train de se concentrer à 16 kilomètres de là. Aussitôt les bombardes roulantes électriques, arrivant par les routes de terre à 10 h. 45, commencèrent l’attaque en refoulant les bombardes ennemies.

Toute la journée fut employée en manœuvres aussi savantes d’un côté que de l’autre. L’ennemi avait eu le temps de se couvrir en semant des torpilles à blanc qui, dans une guerre, eussent causé des pertes énormes. Il fallait donc avancer prudemment, les éventer autant que possible et tourner les obstacles. Les mitrailleurs, divisés en petites sections, se faufilaient en profitant de tous les mouvements de terrain, portant leurs petits réservoirs à bras, les officiers et sous-officiers en avant, fouillant l’horizon avec leurs lorgnettes et calculant les distances. Dès qu’une section arrivait à bonne portée, c’est-à-dire à 4 kilomètres d’un ennemi visible, chaque homme vissait son tube-fusil aux embouchures mobiles du réservoir et on ouvrait le feu.

L’artillerie chimique, à 10 kilomètres en arrière de la ligne d’attaque, tirait sur les points que les éclaireurs à hélicoptères venaient leur signaler. L’artillerie tirait au jugé, bien entendu, en se repérant sur la carte, le but, toujours placé à 12 ou 15 kilomètres pour le moins, restant forcément invisible pour elle. Dans une vraie guerre, elle eut couvert les points indiqués par les éclaireurs de ses terribles explosifs ou d’obus à vapeurs délétères.

L’escadre aérienne resta invisible pendant toute la journée. Vers le soir,