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Le Vingtième Siècle

Que de précautions, que de soins, que d’ordre pour tenir la machine militaire prête à fournir toute son énergie, à toute heure, à toute minute, au premier signe, sur un simple bouton pressé dans le cabinet du ministre de la Guerre !

Mais on y arrive.

Tout est prévu, combiné, arrangé. Notre organisation militaire d’aujourd’hui est un chef-d’œuvre de mécanique qui semble dû aux génies combinés de Vaucanson, de Napoléon et d’Edison.

Les habitants de Châteaulin s’éveillaient à peine, le 12 août, lorsqu’à cinq heures sonnant aux cadrans électriques officiels, une centaine d’officiers de réserve de tous grades, débarqués des tubes ou venus par aéronefs, se présentèrent au Dépôt chimique, où les attendait le colonel du 8e chimistes.

Georges était là, revêtu de l’uniforme élégant et sévère de son corps : vareuse marron sombre à brandebourgs, culotte noire et bottes, casque à visière et mentonnière mobiles se baissant au moment des opérations chimiques. Un réservoir d’oxygène à tube mobile, un revolver à air comprimé et un sabre complètent l’équipement.

Le sabre est une tradition, un dernier vestige de l’ancien armement du Moyen âge ; on ne se sert guère, sur les champs de bataille modernes, de ces instruments encombrants, d’un maniement compliqué et de si peu d’effet.

Par Bellone ! nous avons aujourd’hui mieux que ces glaives, bons tout au plus à découper les gigots en garnison.

Nous avons beaucoup mieux, certes, avec notre joli catalogue d’explosifs variés, qui commencent, il est vrai, à se démoder un peu. Ne possédons-nous pas la série des gaz asphyxiants ou paralysants, commodes à envoyer par tubes à petites distances ou par obus légers, simples bonbonnes facilement dirigées à 30 ou 40 kilomètres de nos canons électriques ! Et l’artillerie miasmatique du corps médical offensif ! Elle est en train de s’organiser, mais ses redoutables boîtes à miasmes et ses obus à microbes variés commencent à être appréciés.

Ah oui ! nous avons mieux que l’antique coupe-choux, mieux que tous les instruments perforants ou contondants qui, pendant tant de siècles, furent les principaux outils des batailles ! Quelques esprits, chagrins contempteurs du progrès, osent les regretter et prétendent que ces merveilles de la science, appliquées à la guerre, ont tué la vaillance et supprimé cette