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lements ; je n’ai plus failli me casser la tête dix fois par jour, comme auparavant, plus d’écorchures, même, un vrai travail de jeune fille !… Je serais déjà au but si le temps ne m’avait manqué, si je n’étais pris par toutes sortes de choses… Et puis, tiens, tout bien réfléchi, je vais y aller tout de suite… Tu comprends, si je reste à rafistoler mes souliers, avec toutes ces barriques d’or qui me trottent dans la tête, je sabote mes savates, tandis que si je tombe tout de suite sur le trésor, c’est fini, je n’ai plus besoin de faire le savetier !… j’y vais !

— Oh, Antoine !

Colombe essaya de protester, mais déjà Antoine avait jeté le soulier qu’il était en train de restaurer et prenait le chemin de la cave.

La tante de Colombe ne l’aurait pas reconnue, cette cave étroite où elle rangeait ses provisions et remisait ses fagots pour l’hiver. Cassagnol l’avait considérablement agrandie, il l’avait creusée, élargie, éclairée par des soupiraux ; il avait trouvé des arceaux en vieilles maçonneries et déblayé d’autres caveaux qui se rattachaient au premier. Des trous forés çà et là remontaient au jardin ou même dans la cuisine dont une partie du carrelage était tombée.

Ces travaux donnaient un aspect pittoresque à la cave, certes, mais ils justifiaient parfaitement les appréhensions de la tante, ainsi que les craintes actuelles de Colombe, qui ne dormait plus que d’un œil et d’une oreille, si l’on peut dire, s’attendant toujours à descendre inopinément dans la cave avec son lit.

L’autre nuit Hilarion qui dormait sur la huche, était, par suite d’un faux mouvement, tombé de son lit avec fracas en entraînant quelques casseroles. Colombe sursautant avait