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les meubles, sur le fourneau où seule la peur du feu les empêchait de goûter au savoureux plat d’oignons si agréablement odorant.

Et quels rats ! Énormes, hirsutes, moustachus immodérément, des rats bien râblés, alertes, effrontés ; il y en avait des jeunes et des vieux, des ancêtres vénérables au poil grisonnant, de solides gaillards replets et tassés marchant en tête des colonnes, et des jeunes pleins d’ardeur, de taille svelte et de mine fûtée, s’égaillant en éclaireurs.

— Arrive, Antoine, arrive ! criait toujours Colombe.

— Eh, j’ai affaire aussi de mon côté, patiente un peu ! Il était fort occupé, le brave Cassagnol, car deux ou trois des éclaireurs venaient de lui grimper aux mollets jusque sur le dos. Il ne pouvait se servir de son gourdin contre ceux-ci, mais il avait des mains et il pourchassait les bandits sans se soucier des coups de dents.

— Vilaines bêtes, je suis chatouilleux, vous allez me payer ça !

Deux des rats furent saisis comme ils essayaient de se fourrer dans son cou et vivement étranglés, un troisième s’échappa. Cassagnol pouvait voler au secours de Colombe.

— Brigands de rats ! criait-il, d’où vient cette vermine ? Attention, Colombe, ça mord, ces canailles de rats !

— Antoine, ils vont manger nos enfants, dit Colombe qui se débattait de son côté, c’est encore un tour de dame Carcas ! Tout ça c’est par ta faute, Antoine, par ta faute !… C’est pour défendre le trésor, dame Carcas ne veut pas qu’on y touche…

— Tu es folle, par la tignasse de dame Carcas, je te l’ai déjà dit, tu es folle !… Regarde comme je cogne sur cette