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L’incrédule Cassagnol croyait au trésor, mais l’histoire de cette dame Carcas lui semblait vraiment-un peu forte.

— Tranquillise-toi, dit-il à sa femme, on a voulu nous voler Belleàvoir, tu l’as rattrapée, c’est le principal, laisse dame Carcas, elle est innocente, et allons travailler !

Il redescendit donc dans la cave et reprit ses outils en sifflotant, pour se moquer des folles idées et des terreurs de Colombe. L’ouvrage avançait, d’après ses calculs il devait arriver bien près du puits ; il avait trouvé des amorces de voûtes, d’anciens éboulis, et il se heurtait à une maçonnerie plus résistante qu’il travaillait à percer avec la plus grande précaution.

Qu’allait-il trouver derrière ? Les fameux souterrains conduisant au loin dans la campagne, ou bien la cave au trésor ? On allait enfin le savoir !

Et, ayant bien dégagé le terrain, il s’efforçait de déchausser une grosse pierre qui lui donnait beaucoup de mal. Après deux heures d’efforts, c’est à peine si elle commençait à remuer. Peu à peu cela venait pourtant. Le mortier des Romains ou des Wisigoths tenait bon, mais enfin on en aurait raison.

Encore un effort. Cassagnol souffla quelques minutes et coula ses mains dans les trous des deux côtés de la pierre. Allons, du nerf ! ouf ! la voilà tout de même, cette pierre !

Elle glissa peu à peu et une autre la suivit, laissant dans la maçonnerie un trou à passer les épaules. Cassagnol remuait difficilement dans son étroit boyau de murailles. Il eut quel que peine à pousser ses pierres derrière lui et à se faufiler vers le trou. Rampant sur les coudes, s’allongeant, il passa les épaules, puis enfin la tête, en fermant les yeux à cause de la poussière et un peu de l’émotion.