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giner toutes les richesses et merveilles possibles du fameux trésor. L’esprit bien échauffé, le cœur résolu, il était enfin décidé à s’en aller frapper à la porte de la tante, lorsqu’en rentrant de chez M. le Sénéchal il apprit que l’on n’avait pas vu la pauvre tante de toute la journée de la veille, alors que tout Carcassonne était dehors pour acclamer le Roi et les beaux seigneurs à cheval.

Colombe aussitôt courut chez elle. Hélas ! la bonne femme était malade et ne bougeait point de son lit. C’était sérieux. Colombe s’installa pour la soigner.

Il ne pouvait être question de lui parler du Grand-Puits et du trésor d’Alaric. Cassagnol d’ailleurs avait assez à faire avec le jardinage, les huit enfants et Belleàvoir qui s’ennuyait. Il dut se partager entre les deux maisons et courir de l’une à l’autre, en ayant soin de n’égarer aucun des petits.

Moins d’une semaine après, malgré les soins de Colombe, debout jour et nuit près de la malade, tout était fini pour la pauvre vieille tante.

Maintenant la famille Cassagnol habite la maison de la place du Grand-Puits. Pendant quelque temps Cassagnol, très affairé, n’a plus songé au trésor, mais peu à peu il y revient.

C’est que tous les matins quand il ouvre sa fenêtre, son premier regard tombe forcément sur le puits mystérieux. Toute la journée il entend le grincement de la poulie, ou le bavardage des ménagères en train de tirer de l’eau. Forcément il ne peut s’empêcher de songer à ces richesses cachées dont il est maintenant le si proche voisin. Quelle tentation ! Il est là, ce trésor, il le touche presque, il marche dessus peut-être, quelques coups de pioche à donner et il le tient ! Mais le bon endroit à fouiller, où est-il, le bon endroit ? Qui pourrait le dire ?