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qu’à allonger la main pour le saisir, quelque diablerie est survenue qui les a vilainement déconfits !

— C’est ennuyeux, dit Cassagnol faisant la grimace.


Donc, le soir de la visite du roi François à sa bonne ville, Cassagnol, fatigué de la mauvaise fortune, rappelle toutes ces histoires à sa femme Colombe et s’efforce de lui remettre au cœur l’espérance en des jours moins difficiles et moins maigres.

— Oui, oui, déride-toi, Colombe, ce trésor, il est pour toi, je veux te l’apporter… pas dans mon chapeau, bien sûr, il ne tiendrait pas, mais dans mes bras, ou dans les paniers de Belleàvoir, je ne sais pas comment… Je veux le jeter à tes pieds ! Le vois-tu, ce trésor, là, par terre, dans notre pauvre maison, répandu sur le sol ?… Les vois-tu, ces tas d’or, ces bijoux, ces joyaux,… et les enfants se roulant dedans !… Oui, je sais, bien des gens ont déjà cherché, mais des maladroits, ils ont mal cherché, ils n’ont pas su, ils n’ont pas osé descendre au fond, tout au fond du Grand-Puits…

— Et tu oserais, toi ? s’écria Colombe terrifiée.

— J’oserai ! fit Cassagnol en se cambrant sous les regards admiratifs de Colombe, oui, j’oserai, et je veux être, moins maladroit ou plus malin que les autres !… Il y a si longtemps que j’y pense… d’ailleurs nous sommes mieux placés que les autres, la maison de la tante Gironne est sur la place, tout près du Grand-Puits, — juste à six pas et demi, j’ai mesuré… Alors c’est de la maison de la tante que je veux partir pour arriver par en dessous au Grand-Puits…

— Mais tu sais bien que ma tante ne veut pas te laisser faire des trous dans son jardin ou dans son mur pour trouver les souterrains du Grand-Puits ! Elle n’a pas confiance, elle