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prit sa flûte et entama l’un de ses airs les plus gais et les plus sautillants, celui que l’on redemandait le plus souvent à la fin des repas de noces.

— Vous voyez, je vous traite bien, tout à la joie aujourd’hui, vous vous régalez en musique… Allez ! allez ! réjouissez-vous, montrez votre appétit !… Et je vous le dis, demain je me mets après le trésor des Wisigoths et je ne m’arrête pas avant d’avoir mis la main dessus !… Allez ! allez ! ma résolution est prise !

Avec la musique c’était effrayant comme les plats filaient vite, Cassagnol s’en aperçut. Il essaya vainement de modérer le mouvement en soufflant un air languissant dans sa flûte, on n’en fut pas moins vite au dessert, aux quelques prunes que Colombe partagea entre les enfants.

— Ils ont sommeil, ces petits, après une si longue journée, dit Cassagnol, ils n’en peuvent plus d’avoir vu tant de si belles choses ! Ils vont aller se coucher en musique et ils rêveront toute la nuit de princes et de seigneurs… Allons, Cadette et Finette, les petites, au dodo ! Suivez la maman… Luquet, Hilarion, vous dormez debout, je vous dis, n’attendez pas plus longtemps !… Et cette pitchonnette de Fleurette, elle a bien trotté aujourd’hui… et Cathounette aussi… au dodo ! Luquet ! Blaise ! soyons sages…

Les huit enfants étaient couchés, la lune brillait au milieu de fins nuages blancs ou argentés courant dans le bleu, sur lesquels se détachaient, nettement découpés en bleu sombre par-dessus les toits plats, des massifs de grosses tours pointant à travers de longues lignes crénelées.

Cassagnol et Colombe, pour économiser la chandelle s’étaient assis dans le jardin. Cassagnol se donnait de forts coups de poing sur les genoux sans mot dire. Colombe, qui