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joyeusement à tout propos, au début, qui signalait à Colombe toutes les particularités intéressantes, faisait admirer la majestueuse prestance de François, la magnificence de son costume, la poignée de son épée ou le panache voltigeant sur sa tête, la mine fière et la carrure des gentilshommes, leurs armes scintillantes, l’acier des corselets, les harnachements et les ors, les velours et les soieries des costumes, maintenant il mettait une sourdine à son enthousiasme et ne semblait plus trouver rien à dire.

— Eh bien, fit Colombe après s’être étiré les bras, fatigués d’avoir porté, hissé ou remorqué des enfants qui commençaient à se faire lourds, eh bien, tu n’es guère bavard, mon pauvre Antoine, une belle journée pourtant !… Tu as vu le Roi et tous les beaux seigneurs de Paris, il a fait beau, du bon soleil quand tu avais craint de l’orage ou de la pluie, une tout à fait belle journée, quoi !

— Oui, oui, fît Antoine.

— Et puis après, quoi donc ?

Antoine Cassagnol soupira. Décidément sa gaîté du matin semblait envolée, le joyeux troubadour se sentait pour le moins du vague à l’âme. Sa femme s’en inquiéta.

— Allons, dit-elle en se relevant avec deux ou trois enfants accrochés à ses jupes, allons, rentrons chez nous, c’est l’heure du souper bientôt…

Cette fois Cassagnol soupira plus fort et ses sourcils se hérissèrent ainsi que sa grosse moustache. Il était debout mais ne se pressait pas de marcher, tandis qu’au mot souper tous les enfants étaient devenus attentifs et frétillants.

— Oui, oui, fît Antoine.

— Allons, rentrons ! allons, marchons, Belleàvoir.

Le logis des Cassagnol n’avait rien de somptueux. C’était