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mère à une petite brunette accrochée à son cou, et un bambin qui ne paraît pas plus de dix-huit mois entre les bras, Cela fait sept. Est-ce tout ? Non, il y en a un huitième, un grand garçon d’une douzaine d’années qui occupe un créneau à lui tout seul, et regarde le Roi, les seigneurs, les chevaux, les capitaines, les lansquenets, les arquebusiers, de ses yeux écarquillés d’admiration, en oubliant presque d’acclamer.

Cet homme et ces enfants, assez pauvrement vêtus, il faut l’avouer, sont vraiment mieux placés que bien des notables citoyens de la ville entassés sous la porte ou réduits à ne voir qu’un tout petit morceau du cortège par quelque meurtrière fort étroite.

Monsieur le Consul.

Comment a-t-il réussi à se faufiler là, ce brave Antoine Cassagnol ? Nous allons le révéler tout de suite. Cassagnol est un digne garçon, simple jardinier de son état, mais aussi joueur de longue flûte pour noces et festins, bien connu à Carcassonne et dans toute la contrée d’alentour, le dernier des troubadours enfin, car non content de faire sauter les gens avec la musique de sa flûte qu’il accompagne de cymbales attachées à ses genoux, Cassagnol chante, il improvise des couplets en l’honneur des mariés, ou des saints dont on célèbre la fête, ou sur tous autres sujets suivant la demande.