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surpris. Les piles sont bien en ordre, les tas de petites et de grosses pièces sont bien réguliers, il s’agit de faire le total. Cassagnol doit s’y reprendre en plusieurs fois, additionner, couvrir une ardoise de chiffres, effacer, recompter, recommencer, l’étonnement devient de la stupéfaction.

Tout bien compté et recompté, les tas de monnaies de la marmite, les pièces des sacs sans rien oublier, cela fait en tout et pour tout onze cent soixante-treize livres quatorze sous, six deniers, plus sept pièces de cuivre trop rouillées pour qu’on ait pu en déterminer la valeur !

Comment ! Alaric n’était pas plus riche que cela ? Voilà tous ses millions ? Recomptons encore, examinons… Colombe trouve pourtant que c’est une somme énorme, mais elle est humiliée de voir qu’Antoine a l’air de déprécier l’importance du trésor déniché par elle.

Cassagnol, les sourcils froncés, réfléchissait.

Tout à coup il donna sur la table un violent coup de poing, ce qui fît écrouler quelques piles avec un bruit métallique assez réjouissant tout de même.

— J’y suis ! s’écria-t-il en tirant à pleines mains sur sa chevelure embroussaillée, j’aurais dû deviner ça du premier coup, mais j’étais malade, la fièvre me tourneboulait l’entendement… Ton trésor ne vient pas des fées, ni des Wisigoths… Ce ne sont pas les fées qui avaient caché cette marmite dans ce trou de la cave, c’est ta tante Gironne !

— Ma tante ? fît Colombe interloquée.

Mais oui, ta tante ! c’était une avaricieuse, une bonne femme, mais liardeuse comme pas une, tu sais bien… Elle avait une cachette où elle muchait toutes ses économies, et tu es tombée sur la cachette… Voilà !

— Oh ! Tu es sûr ?