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ils vous ont, ces sacripants ! Approchez une torche… Ils sont hideux tout simplement, où donc Sa Majesté catholique recrute-t-elle ses soudards maintenant ?

— Les mouches, senor gouverneur, les mouches, dit un Espagnol qui avait compris.

— Hein ? Et celui-ci qui est avec vous, sergent ? Mais on dirait Cassagnol, le joyeux troubadour ?

— Lui-même, monsieur le Sénéchal, marmonna Cassagnol gêné par l’enflure de ses joues.

— Eh bien, les mouches aussi ?

— Oui, monsieur le Sénéchal, je vais vous expliquer si je peux.

Le sergent l’interrompit.

— Tu ne peux point parler, troubadour, je vais raconter l’affaire à M. le Sénéchal.

Le sergent se mit en devoir d’expliquer cette chaude alarme, la surprise tout près de réussir sans l’esprit ingénieux, le dévouement du brave troubadour qui avait donné aux soldats le temps d’intervenir.

On ramassait le butin, trois douzaines d’arquebuses, des hallebardes, et dix-huit prisonniers parmi lesquels Cassagnol reconnut le vilain chafouin, l’espion des Espagnols, bon pour la potence, celui-là.

Il n’y manquait que la vieille gitane, celle-ci devait avoir rejoint les batteurs d’estrade espagnols dans la montagne avant l’attaque.

— Très bien ! très bien ! dit le Sénéchal, surprise manquée, c’est parfait ! Hein, qu’est-ce que je disais ! Les Espagnols ont-ils des ailes ? S’ils n’en ont pas je suis tranquille… Vous voyez, mon brave Cassagnol, l’ennemi s’est cassé le nez à nos murailles !